La Maison de Santé Pluridisciplinaire (MSP) est une bonne réponse aux besoins, tant de préservation de l’offre de soins dans les territoires sous dotés, que d’une nouvelle manière pour les professionnels de santé d’exercer leur activité, susceptible de satisfaire notamment les jeunes praticiens libéraux.
État des lieux dans l’Yonne.
L’Yonne, comme Paris, voit le nombre de ses médecins diminuer selon l’atlas du conseil national de l’Ordre des médecins.
Nous avons perdu 26 % de médecins généralistes entre 2007 et 2015 .
L’offre de médecins dans l’Yonne était en 2015 de 70 médecins pour 100 000 habitants contre 78,6 en Bourgogne et 88,7 sur la France.
Il existe aujourd’hui 5 Maisons de Santé Pluridisciplinaire dans le département.
Pour mieux se familiariser avec cette structure nous nous sommes rapprochés de la Maison de Santé de Puisaye – Forterre à Saint Sauveur qui a ouvert ses portes en juin 2012, en rencontrant le Docteur DA SILVA MOREIRA, un des promoteurs de ce qui fut dès 2007 un projet d’avant garde.
Un projet partagé.
L’ambition de la maison de santé est née de la rencontre entre le Docteur DA SILVA MOREIRA et la Communauté de Communes de Saint Sauveur de l’époque, présidée par Michel GARRAUD.
Il faut dire que ce médecin, aujourd’hui Maire de Treigny était alors Conseiller Municipal de Sainpuits et à ce titre membre du Conseil Communautaire. Les conditions s’en sont sûrement trouvées facilitées pour le montage du projet.
Le médecin a pris son bâton de pèlerin pour aller au devant de ses confrères locaux, des autres professionnels et auxiliaires de santé du secteur. Il a bien vendu l’idée. De nombreuses réunions de travail entre professionnels durant 2008 et 2012 ont permis de ficeler le projet médical.
Depuis longtemps on voit des regroupements, chacun de leur coté de praticiens , médecins, infirmières, kinésithérapeutes ….., mais la particularité positive du projet pour la Maison de Santé de Puisaye – Forterre, comme de quatre autres de l’Yonne, consistait dans le caractère pluridisciplinaire des métiers de la santé qui s’y exerceraient.
La Communauté de Communes de Saint Sauveur de l’époque, elle, a pu profiter d’un travail de réflexion réalisé en amont par les professionnels. Ceux ci ont exprimé leurs besoins, pour le confort des patients et le leur. Ainsi, plutôt que mettre un bâtiment clefs en mains et pas forcément adapté, la Collectivité locale a construit un bâtiment conforme aux nécessités mises en évidence, donc forcément totalement accepté par tous.
La Maison de Santé de Puisaye – Forterre, aujourd’hui.
La Collectivité est propriétaire et la SISA (Société Interprofessionnelle de soins ambulatoires) détenue par les praticiens est locataire.
La SISA offre aussi et peut être surtout, un cadre juridique idéal pour gérer la mise en commun de moyens, spécificité essentielle, voulue par les praticiens.
Car la pierre angulaire de l’intérêt évident du regroupement pluridisciplinaire vise bien sur la mise en commun de moyens et notamment la mise en place d’un logiciel informatique pour créer un fichier commun et faire vivre le partage des informations les plus larges concernant le patient. Il s’agissait de la mise en place du Dossier Médical Partagé avant la lettre. La mise en commun de moyens permet également la gestion des missions indispensables de secrétariat, accueil téléphonique, ménage, collecte des Déchets d’Activités de Soins à Risques Infectieux (DASRI)…
La Maison de Santé de Puisaye – Forterre, regroupe les principales spécialités médicales et paramédicales : « médecins généralistes, infirmières, pédicure-podologue, orthophoniste,
kinésithérapeute, psychomotricienne, psychologue, dentiste, diététicienne, sage-femmes, ostéopathe, accompagnement et prévention en addictologie, psychiatre » .
La structure reçoit en stage des étudiants de toute spécialité médicale et para médicale. Le cadre multidisciplinaire et aussi sûrement la disponibilité à laquelle s’obligent les praticiens, permettent à l’étudiant d’avoir une ouverture sur les autres métiers que celui pour lequel il se forme. Ceci participe à la formation mais aussi à l’attrait d’une possible installation en zone rurale pour ce dernier.
La Maison de Santé de Puisaye – Forterre a contractualisé avec l’ARS pour assurer le suivi du passeport santé jeunes dans le cadre de la prévention des risques.
La Maison de Santé Pluridisciplinaire tout bénéfice pour le patient.
Il retrouve sur un même lieu tous les services dont il a besoin et cela sur une grande plage horaire, de 7 h 30 à 20 heures.
La prise de rendez vous auprès de divers praticiens est grandement facilitée car un même secrétariat gère l’ensemble des agendas.
La relation praticien – patient est optimisée tout simplement par l’échange naturel existant entre lesdits praticiens. Par exemple, le kinésithérapeute questionnera en temps réel le médecin prescripteur sur la nature du soin à apporter et offrira sa propre expertise ; le médecin, lui, suivra les effets de sa prescription.
L’outil informatique en accès direct chez tous les praticiens de la Maison de Santé favorise la bonne connaissance dans le temps des pathologies dont souffrent les patients, en facilite le diagnostic et le suivi.
La Maison de Santé Pluridisciplinaire, avantage pour le praticien.
L’avantage indéniable des Maisons de Santé Pluridisciplinaire est de ne pas avoir à porter le poids de maladies et de patients complexes seul, de pouvoir partager ses inquiétudes, ses observations avec les autres professionnels de la santé présents.
Les praticiens, surtout les jeunes, aspirent à avoir une vie de famille normale, à une vie sociale, à du temps pour leur formation et leurs loisirs. Sans que les patients n’en souffrent la collégialité d’une Maison de Santé Pluridisciplinaire le permet.
Le partage des locaux offre, notamment pour la Maison de Santé de Puisaye – Forterre, l’avantage d’offrir des espaces, plus spacieux et mieux adaptés à l’exercice des soins.
La Maison de Santé Pluridisciplinaire, un intérêt pour la maîtrise des coûts de santé
D’après le Dr DA SILVA MOREIRA, la proximité sur un même lieu des divers professionnels est source d’une diminution du nombre d’actes et donc d’économie pour la Sécurité Sociale. Par exemple, nous dit il, si une infirmière constate chez un de ses patients l’infection d’un ulcère de la jambe, elle contactera aussitôt le médecin qui prescrit tout de suite un antibiotique sans acte rémunéré.
Les cabinets ne se revendent plus; il en résulte donc une perte de fichiers, de dossiers, d’historique qui se traduit en coût collectif. Outre la pérennisation des soins au bénéfice de tous, les Maisons de Santé Pluridisciplinaire permettent donc cette économie.
Ce praticien témoigne de sa satisfaction à œuvrer au sein d’une Maison de Santé Pluridisciplinaire même si cela lui revient plus cher que de travailler seul en cabinet (près de 4 000€ de surcoût par an)
La Maison de Santé Pluridisciplinaire, une réponse pour les Collectivités locales à la perte de services à la population.
Les pouvoirs publics, notamment les Communautés de Communes ne peuvent que se réjouir du maintien d’une offre de soins, voire de l’élargissement de cette offre comme de l’amélioration de l’accès aux soins pour les habitants de leur territoire.