Pour les Icaunais et les gastronomes de passage, Jean Luc et Mary Barnabet c’était d’abord « la Petite Auberge » à Vaux et plus tard « chez Barnabet » à Auxerre, très bel établissement sur les quais de l’Yonne.
Mary et Jean-Luc Barnabet, amoureux de la gastronomie; retour en arrière.
Jean-Luc, dès le brevet hôtelier obtenu, et Mary, évoquent rapidement l’idée de chercher une affaire de restauration. En venant voir les parents de Mary à Varzy, dans la Nièvre, ils traversent l’Yonne. Une annonce, dans les journaux spécialisés, a attiré leur attention, « La Petite Auberge » à Vaux, au bord de l’Yonne, tout près d’Auxerre. La visite en hiver, volets fermés, chaises retournées sur les tables, n’est peut-être pas très engageante, mais ils se décident. « Notre chance, explique Jean-Luc, c’est d’arriver en 1979, le « miracle » de l’explosion de la cuisine nouvelle, nous n’avons pas trente ans, les précurseurs dans l’Yonne ne sont pas nombreux, Lorain, Meneau,. Je me lance dans une cuisine à prix abordable qui fait notre succès, et j’obtiens une étoile au guide Michelin en 1981, en même temps que la naissance de notre fille« … Mary allie son goût pour la décoration avec celui de l’accueil de la clientèle, de la bonne organisation du service en salle et de toute la gestion de ce qui est une entreprise..
Restaurant Jean-Luc Barnabet .
Mais, au bout de dix ans, « La Petite Auberge » devient trop…petite, je devais refuser des groupes, je pensais qu’il fallait voir plus grand« . L’opportunité se présente sous la forme d’une maison particulière sur les quais, à Auxerre, un ancien relais de Poste. « Un an de travaux ont été nécessaires avant l’ouverture de notre nouveau restaurant Jean-Luc Barnabet, devenu plus couramment dans le langage des habitués « chez Barnabet« .
Lorsque le restaurant a ouvert, les guides étaient déjà parus, et il est resté une année sans être signalé .. « Je n’ai pas cherché d’étoile supplémentaire, ajoute Jean-Luc, faire mieux c’est faire plus cher« , faire une bonne cuisine, en privilégiant notamment la truffe noire de Bourgogne, bien gérer leur affaire, évoluer avec la cuisine du moment, et surtout satisfaire leurs clients gastronomes, voilà ce que le couple a fait durant vingt ans.« Nous avons eu jusqu’à dix-sept personnes à notre service, Mary toujours en salle, mais aussi très active dans la gestion de la maison comme pour pallier les urgences« .
Une page est tournée fin 2009, avec l’opportunité de vendre le restaurant. Chez Barnabet » ne sera plus le lieu de rendez-vous des gastronomes anonymes et célèbres qui s’y sont retrouvés durant vingt ans.
Les Barnabet, tout au début.
Comme dans beaucoup de vies, rien ne semblait devoir réunir leur destin, mais voilà, lorsque Mary a rencontré Jean-Luc Barnabet en 1977 dans une banlieue proche de Paris, Choisy-le-Roi, le parcours commun a pris forme pour la jeune fille, née en 195O à Ivry sur Seine, diplômée des Arts Appliqués de Paris, et le jeune cuisinier, natif des Charentes en 1952, puis élevé à Rochechouart dans le Limousin.
Naissance d’une vocation.
Jean-Luc, dont le père était boulanger a vécu, dès son premier âge, dans l’ ambiance et la chaleureuse odeur du pain au levain qui cuit dans le four chauffé au bois.
« Ma chambre était au-dessus du fournil, bien chaude l’hiver…la boulangerie était ouverte du lundi au samedi, et le dimanche, les femmes du village venaient faire cuire, dans le four encore chaud, leurs rôtis, pâtés, et autres plats« . Jean-Luc se demande d’ailleurs si tout ce défilé, si tous les parfums qui s’exhalaient de ces cuissons n’ont pas suscité sa future vocation de cuisinier. Il a vécu au sein d’ une nombreuse famille, plus jeune enfant de six frères et sœurs, dont l’une est pâtissière, à 18 ans.
« Ma chambre était au-dessus du fournil, bien chaude l’hiver…la boulangerie était ouverte du lundi au samedi, et le dimanche, les femmes du village venaient faire cuire, dans le four encore chaud, leurs rôtis, pâtés, et autres plats« . Jean-Luc se demande d’ailleurs si tout ce défilé, si tous les parfums qui s’exhalaient de ces cuissons n’ont pas suscité sa future vocation de cuisinier. Il a vécu au sein d’ une nombreuse famille, plus jeune enfant de six frères et sœurs, dont l’une est pâtissière, à 18 ans.
Montée à Paris.
Quittant le Limousin, il intègre l’École Hôtelière Jean Drouan, à Paris, dans le 17ème, « la plus cotée à l’époque« , précise-t-il.
Enseignement général complet, théorie culinaire, avec alternance de stages en salle, en cuisine, le futur cuisinier suit toutes les étapes de sa formation, prenant, par ailleurs, du travail en plus pour gagner de l’argent en assurant des services en salle dans des établissements. Il obtient sa première place en 1975, comme serveur, au « Relais du Pavé de Bazainville » à Houdan (78) et une opportunité, avec une vacance de poste : devenir cuisinier dans ce restaurant qui allait devenir étoilé au guide Michelin.
« Je gagnais beaucoup moins qu’étant serveur – avec les pourboires – mais j’ai appris mon métier, muni de mon brevet hôtelier, avec un cuisinier qui est toujours resté mon ami« ..se souvient-il avec émotion.
Vers son autonomie.
Le passage dans d’autres établissements, « La Dariole, à Viry-Chatillon, « Pierre Traiteur », « Gérard Pangaud », à Paris 1er et la découverte de la cuisine nouvelle, et puis surtout le
mariage en 1978 avec Mary, vont faire évoluer les décisions. C’est à ce moment que nous retrouvons l’aventure de la « Petite Auberge ».
… et Mary.
Mary, travaillant dans un bureau d’études spécialisé dans le « design », implantations de stands d’expositions et de magasins, était loin du monde de la gastronomie. « Je ne sais même pas faire cuire un œuf, dit-elle en riant, je ne le regrette pas avec un bon cuisinier à la maison ! « . Ce qui ne l’empêche pas de cultiver son potager et d’éplucher très correctement les légumes qu’elle récolte actuellement…
Aujourd’hui, une nouvelle vie.
Jean-Luc, ne reste pourtant pas inactif, avec Mary, ils s’installent à Chevannes. Lui fonde la SARL Barnabet Conseils, assurant la promotion de la truffe noire de Bourgogne, mettant
en relation les vignerons de l’Yonne et autres lieux, avec des clients désireux de s’approvisionner en bons vins, se spécialisant dans l’organisation de soirées et de conférences sur les sujets de circonstance, truffe et vins…
Mary en est la secrétaire, tout comme elle est élue au nouveau conseil municipal de la commune où elle s’investit dans les travaux et les plans. Elle se consacre également au dessin, au « scrapbooking » en confectionnant, par exemple, des albums photos pour leurs deux petits-enfants, et en soignant, avec attention, ses fleurs et son potager.
Une nouvelle façon de vivre qui leur convient, puisqu’ils sont toujours très actifs et contents de l’être !