Emmaüs, faisons connaissance.

JE REÇOIS, JE DONNE…, (une règle d’or plus qu’un titre)

Le soleil de cette fin de mois de juin écrase de sa lumière l’immense cour de la communauté des Compagnons d’Emmaüs, située un peu à l’écart de la commune de Pontigny. Des ateliers grands ouverts, les sons des activités de chacun s’échappent, qu’elles demandent un effort physique particulier ou non, une impression paisible se dégage des lieux.

Grégor Seurre,  responsable de la communauté depuis 2008, assisté de quelques autres salariés, gestionnaire,  chauffeurs, dont un en contrat avenir,  d’un cuisinier et d’une cuisinière en contrat aidé, et d’un téléphoniste, va me faire faire la visite guidée de la communauté, qui n’a pas fini de  réserver des surprises.

Une présentation générale est indispensable. 119 communautés, dont celle de Pontigny, existent en France, d’autres aussi en Europe et de par le monde.

Leurs grands axes, selon le vœu initial du fondateur l’Abbé Pierre, touchent essentiellement au mal logement, aux produits infantiles à diriger vers les pays en guerre, l’aide aux familles en difficulté, avec les prêts à taux 0 . Viennent ensuite l’insertion par la récupération, ce « travail », qui d’un bout de la chaîne à l’autre, permet de transformer et vendre pour vivre.

Car, sur le terrain, à la communauté d’Emmaüs de Pontigny, on accueille 22 « compagnes » et « compagnons ». « Pas de différence », clame Grégor Seurre. Ils sont là pour quelques jours à parfois plusieurs années, nous ne faisons aucune distinction d’ethnies, ils sont nourris, logés, blanchis, reçoivent des soins médicaux s’ils n’ont pas de prise en charge, il y a des célibataires, mais aussi des familles avec enfants. Pas de salaire, mais une allocation mensuelle de 350 euros émanant de l’OCAS (Organisation d’Accueil Communautaire et Solidaire). 66 % d’entre eux sont sans papiers, sans grand espoir d’en obtenir pour certains, mais en contre-partie de l’accueil reçu, tous travaillent pour la communauté, « on est là pour se remettre debout », insiste Grégor Seurre.

Chaque jour arrivent les « fripes » (vêtements) dont 120 tonnes inutilisables finiront dans une usine de la Nièvre comme matériau d’isolation.

L’électro-ménager, les meubles, la vaisselle, les jouets, les livres, les outils qui le méritent seront remis en état par les compagnons et présentés aux diverses ventes les jours d’ouverture du Bric à Brac ou des plus grandes ventes, deux fois par an, à Noël et au mois d’août (les 4 et 5 cette année)  qui se déroulent un samedi et un dimanche de suite. Les Compagnons d’Emmaùs vous débarrassent de ce qui ne vous est plus utile, mais ne peuvent exister que parce qu’ils revendent après remise en état. Ne les oublions pas pour dénicher chez eux la bonne affaire.

Habituellement, dans d’autres associations, les bénévoles qui viennent s’investir se nomment ainsi, mais chez les Emmaüs, ce sont les « Amis ». Ils sont une soixantaine, dont une quinzaine particulièrement assidue, venant trier les livres, disposer le mobilier, les vêtements, ou d’autre objets dans les salles de vente, qui se transforment en véritables cavernes d’Ali-Baba pour les visiteurs.

Étonnant de voir ce qui sort des camions revenant des ramassages et ce qui est présenté dans les salles d’exposition-vente ! La baguette magique des compagnes, des compagnons, des Amis-Bénévoles est passée par là…

Andrée, l’une des « amies », est chargée de l’accueil des nouveaux bénévoles « nous passons une journée ensemble, je leur demande leurs  motivations – souvent ce sont des personnes qui arrivent à la retraite – mais je fais en sorte que chacun trouve sa place et que leur action aille au-delà du geste matériel pour les migrants avec lesquels les liens se nouent malgré la barrière des langues. Nous passons dans tous les postes pour voir le travail de chacun, sans préjugés, nous déjeunons tous ensemble.  Bernadette, autre « amie », donne des cours de français à celles ou ceux qui ne pratiquent pas encore bien la langue.

« La notion du don a changé constate Grégor Seurre,  on donnait plus facilement avant, maintenant, on est obligé de récupérer parfois un peu n’importe quoi pour trouver quelques objets intéressants dont nous pourrons tirer quelque chose ». « C’est d’ailleurs une des difficultés de notre téléphoniste qui est souvent obligé d’expliquer à un interlocuteur que nous ne venons pas vider une maison, mais seulement chercher des objets précis qu’il veut donner… sinon, le débarras des déchets ultimes nous coûte très cher ! »

Hubert Trapet, appelé aux fonctions nationales à la présidence d’Emmaüs, reste cependant membre du bureau et du conseil d’administration de la communauté de Pontigny. Alain EBERARD, est désormais président où chacun s’investit « dans cet espace où l’objectif est de bien vivre avec des gens qui en ont pris plein la figure, qui se retrouvent comme dans un cocon, tout en travaillant avec ardeur à leur tâche de remise en état de tout ce qui est donné à « Emmaüs »..  « nous sommes dans le même bateau, pas dans la même galère. Les liens se créent, ajoute Grégor Seurre, certains sont morts ici, de maladies, de vieillesse »…

Le BRIC A BRAC des Emmaüs de Pontigny est ouvert  les mercredi, vendredi de 14 à 18 heures, le samedi de 9 à 12 heures et de 14 à 18 heures, le premier dimanche du mois, de 14 à 18 heures. Vente exceptionnelle : les samedi et dimanche 4 et 5 août, de 9 à 17 heures, sans interruption. Horaires de dépôt  du mardi au samedi : de 8 à 12 heures et de 14 à 18 heures. EMMAUS   4 rue André Merle PONTIGNY   03 86 47 56 23       FAX : 03 86 47 58 30 emmaus.pontigny@orange.fr — emmaus-yonne.org

Portrait de l’Abbé Pierre, fondateur des Compagnons d’Emmaüs.    Lisez le portait que nous trace Denise en cliquant ICI.