LA POTERIE, ART CONJUGUÉ A LA RIGUEUR MATHÉMATIQUE
Daniel Raimboux a mené et mène toujours plusieurs activités de front. Même si elles paraissent très éloignées les unes des autres, lorsque l’on entame la conversation avec lui, il est facile de se rendre compte combien sa nature créative, méticuleuse et déterminée correspond à ce qu’il fait.
En 1967, jeune professeur de mathématiques de 22 ans, il retrouve un ami d’enfance de son village natal de Coulanges sur Yonne, Jean-Michel DOIX . Celui-ci est potier, il en fera profession sa vie durant. Daniel RAIMBOUX, bien que s’essayant aux collages et à la sculpture, est instantanément séduit par la poterie. « J’ai essayé, cela m’a plu, j’y ai trouvé une esthétique et une force qui m’ont convenues », se souvient-t-il. Très vite, il se rapproche de son ami,
ils construisent chacun un four de cuisson de type « japonais », à plusieurs chambres, il teste le tour à pied… »Dans les débuts, nous allions faire cuire nos « bébés » chez Roger Jacques, au « Grès d’Art » à Saint-Amand-en-Puisaye », recueillant sans doute les méthodes et les conseils du potier.
Dans les années 1970, il se rend au centre céramique de LABORNE, dans le Cher, où il fait connaissance de Jean LINARD, avec lequel il apprend l’art et l’originalité du métier, sur le tas, un artiste passant d’objets conventionnels aux créations les plus fantastiques tant par leurs dimensions que par leurs couleurs. Il puise aussi son savoir dans des livres, notamment celui de l’anglais Bernard LEACH où il a trouvé le modèle de ses fours actuels, pour son atelier de SEREIN-CHEVANNES.
L’ENSEIGNEMENT ET LA POTERIE DE PAIR
Malgré son engouement naissant pour la poterie, Daniel fait le choix de continuer l’enseignement « qui, reconnaît-il volontiers, me donnait le temps de pouvoir faire de la céramique ou autre chose » (..des enfants avaient agrandi la famille depuis quelques années).
Au gré de ses affectations, Daniel construit des fours pour cuire ses créations. « D’abord des pots, comme tout le monde ». Puis les lignes se sont épurées, élancées, affinées, devenues de plus en plus belles. L’émaillage du grès évolue, passe du beige au brun, au noir, au vert, au bleu…avec les recherches de mélanges chimiques en conséquence. « Je fabrique des objets uniques utilitaires dits « utiles en terre » sourit-t-il ! ( Il a d’ailleurs le statut fiscal « d’artiste libre » l’obligeant à créer des pièces uniques.) Puis je me suis à tracer des stries sur mes compositions. Et là, on retrouve la rigueur du professeur de mathématiques. Déjà, lorsqu’il pense à une future création, il dessine, prend des cotes, des mesures, utilise le fameux nombre d’or (*), et les stries, lorsqu’il décide d’en orner un vase, un pot ou une bonbonnière, doivent tomber au millimètre près.
Proche de ses élèves tout au long de sa carrière professionnelle qu’il a achevé comme principal du collège de VERMENTON, il leur a enseigné naturellement les mathématiques, mais il avait ouvert un atelier de sculpture et céramique au collège Paul Bert et organisait des stages chez les potiers de Saint-Amand-en-Puisaye, conciliant enseignement et loisirs.
De faire défiler ses souvenirs conforte Daniel dans ses choix. « Soit on touche à tout et on n’arrive à rien ou alors on trouve le fil rouge et on ne lâche plus, même si j’ai eu des moments de doute, je n’ai jamais eu envie d’arrêter ». Cela lui réussit puisqu’il est intégré dans l‘Association des Potiers Créateurs de Puisaye, exposant régulièrement dans leur local de Treigny, à MOUV’ART, entre autres lieux, et forme des stagiaires potiers du CNIFOP de l’Yonne et d’ailleurs.
LA POTERIE : DE LA TERRE… A L’ENVOL DANS LES AIRS
« C’est un rêve de gosse que j’ai enfin réalisé en 1999, piloter un avion, cela me trottait dans la tête ! ». Un an plus tard, le voici aux commandes d’un avion de tourisme, puis il obtient sa qualification d’instructeur en 2008…Le côté pédagogue du professeur de mathématiques étant sans doute lié à cette décision.
Quelques turbulences de la vie, notamment concernant sa santé, lui ont donné du souci, mais le battant qu’il est, pilote désormais avec toujours autant de plaisir à Gisy les Nobles.
Et comment croyez-vous qu’il emploie les jours où la météo ne permet pas de décoller ? Daniel va dans son atelier, il y a toujours une assiette, un plat à passer au « tournassage » .
Pendant ces vacances de Toussaint, un des fils de la maison est venu quelques jours. Si enfant il ne s’intéressait pas particulièrement aux travaux de poterie de son père, voici que celui-ci lui a franchement dit, à une période difficile de sa vie « c’est maintenant ou jamais, je te transmets le savoir-faire, la recherche, la technique du tournage »… Le fils a accepté, et non seulement il apprécie, mais il réussit dans ce qu’il entreprend..
Qu’en penser ? Heureuse transmission peut-être doublée du don hérité du père..
Denise Clémenceau-Printz
(*) Nombre d’or (ou divine proportion 1,61803398875) – Proportion définie initialement en géométrie comme l’unique rapport a/b entre deux longueurs a et b telles que le rapport de la somme a + b des deux longueurs sur la plus grande.
NDLR : nous remercions ceux – souvent prof. de maths en activité ou en retraite – qui, réagissant à ce portait, nous fournissent des précisions sur le nombre d’or. Le sujet est passionnant et l’on pourrait faire un article entier sur le thème (pour les initiés !). Cliquez sur les vases : leur « fabrication » par Daniel Raimboux respecte le nombre d’or. Quand à l’explication mathématique qu’il nous a donnée, nous serions bien en difficulté pour rapporter toute sa démonstration. Allez plutôt sur la vidéo d’un garçon qui d’une manière détendue, nous explique et illustre le nombre d’or. |