Le lagunage un moyen pour une valorisation de certaines eaux usées.
Nous avons traité ce sujets plusieurs fois. Nous reprenons et enrichissons les articles antérieurs
On a voulu tout rattacher au « tout à l’égout« . Dans les zones urbaines la justification ne se conteste pas. Mais dans la ruralité où la fosse septique et mieux la fosse toutes eaux donnait satisfaction, l’eau nettoyée retournait dans le sol en apportant une humidité salutaire.
Cette politique du tout à l’égout pourrait rappeler aux mauvais esprits la jadis politique du remembrement des terres agricoles avec ses conséquences favorables pour la production, mais néfastes à la nature : la disparition des haies, des zones boisées. Aujourd’hui on replante haies et arbres favorables à la biodiversité et à l’enrichissement des terres agricoles.
Le lagunage pour faire utile et pour faire beau.
Adopter une méthode de traitement des eaux grises s’inscrit à sa manière dans l’économie circulaire de proximité, les eaux grises ne repartant pas dans les égouts, la rivière, la mer… Ce process, le lagunage, participe, même modestement, à la transition écologique dont nous serons de plus en plus nombreux à en reconnaître l’absolue nécessité. Nulle obligation de créer de véritables « marais »; des unités petites ou moyennes répondraient mieux à l’ambition que le changement climatique imposera.
Mais surtout la création de bassins de lagunage offre l’opportunité, d’un modelage du terrain, réfléchi « artistiquement ». Des canaux de liaison le parcourent entre les bassins. Une implantation harmonieuse d’espèces végétales et arboricoles adaptées, a l’objectif également d’en faire un lieu de curiosité agréable pour les habitants.
Le lagunage, à ce stade, est alors considéré comme un véritable élément de l’aménagement du territoire, … pourquoi pas dans la gestion de friches industrielles. A ce titre, il mérite tout l’intérêt des Pouvoirs Publics et surtout des Collectivités locale.Le lagunage : explications.
Le lagunage est une technique biologique d’épuration des eaux usées (seulement des eaux grises), où le traitement est assuré par la végétation aquatique, les micro-organismes, essentiellement des algues et des bactéries.
Une station de lagunage est d’abord une succession de bassins (de 3 à 5) de 40 cm à 120 cm de profondeur. L’eau s’écoule par gravité. Les premiers bassins sont des bassins à micro-organismes, où se dégrade la matière organique contenue dans les eaux usées
Une chaîne alimentaire se met alors en place : phytoplancton, zooplancton, daphnie … Sous l’action des rayons du soleil, les ultras violets détruisent une partie des bactéries. L’eau transite ensuite dans des bassins moins profonds, au cortège floristique semblable aux bords des lacs naturels, des cours d’eau, des annexes hydrauliques, des barrages, ou encore des retenues et des plans d’eau : iris, roseaux, joncs… Ces derniers absorbent les éléments minéraux issus de la dégradation de la matière organique pour leur croissance.
Bien évidemment les eaux noires (celles provenant des WC) doivent passer par les stations d’épuration traditionnelles pour une qualité de pureté que seul le traitement chimique garantit.
Le lagunage: sa valorisation.
Les eaux grises traitées par lagunage, sous réserve de mesures de gestion du risque appropriée, pour qu’elles répondent à des critères de qualité précis, peuvent être adaptées à trois usages en milieu domestique, sous réserves de la réglementation, notamment locale :
- l’alimentation de la chasse d’eau des toilettes,
- l’arrosage des espaces verts (l’Anses exclut potagers et usages agricoles),
- le lavage des surfaces extérieures sans génération d’aérosols (sans utilisation de nettoyeur à haute pression).
Le lagunage aide, maintient ou crée la biodiversité.
Ces installations peuvent être des sites d’alimentation et de repos pour d’innombrables oiseaux d’eau, mais pas seulement grâce à la végétalisation permise.
Sur le littoral charentais, la station de lagunage de Rochefort sur Mer est devenue, en quelques années, un reposoir et un réservoir de nourriture important pour les populations de canard souchet, de fuligule milouin, de foulque et de grèbes … en migration. Mais il s’agit là d’un véritable marais, sur-dimensionné par rapport au lagunage que nous préconisons.
Le lagunage, la victoire de la végétation.
Au moment où les périodes de sécheresse s’accentuent la création de lagunes permet la plantation d’arbres et de végétaux. Outre le plaisir des yeux, la création de zones humides favorise des microclimats plus frais.
Le lagunage pourrait devenir un concept urbanistique en lui même avec la promotion de parcs.
Les zones humides sont alors un réservoir d’espèces et sont indispensables à la conservation de la biodiversité. Grâce à la présence de l’eau et de matières nutritives, les milieux humides connaissent généralement une production biologique intense, par exemple le phytoplancton dont peuvent se nourrir les oiseaux.
Le lagunage élément de l’aménagement et l’architecture paysagistes.
Le lagunage intéresse, certes, les particuliers possédant un grand terrain. Mais sans nul doute sa véritable appropriation passera par le choix qu’en feront les Collectivités locales pour promouvoir une politique publique au plus près des besoins.
Qu’il s’agisse de la promotion d’Écoquartiers ou de la gestion écologique du parc de logements des bailleurs sociaux ou privés, la création de zone de lagunage devient un élément urbanistique, s’inscrivant dans un environnement global.
Intervient alors obligatoirement l’architecte paysagiste qui conçoit, dessine et supervise l’aménagement paysagé des terrains.
Le lagunage doit être vulgarisé.
Cela passe par l’enseignement et aussi la recherche, car la conception du lagunage peut sans doute s’améliorer.
L’enseignement gagnerait à s’approprier ou créer plus de filières de formation en matière de transition écologique, urbanistique, architecture environnementale, arboriculture ….
C’est en ce sens que l’ École d’Horticulture de la Ville de Liège avait lancé le projet pédagogique d’un lagunage écologique qui sera un nouvel outil d’enseignement et de sensibilisation des élèves et du grand public sur les enjeux environnementaux de demain. Une voie que l’on pourrait suivre en France.
Les lecteurs peuvent consulter l’article : https://www.vivrelyonne.fr/actualites/penurie-deau