L’après Covid, il est là.
Les familles, à commencer par les plus vulnérables, payeront les effets de la crise du (ou de la) Covid 19 directement pour celles qui ont été touchées dans leur chair, mais aussi indirectement par la catastrophe économique qui se profile et se propagera une fois le bénéfice des mesures gouvernementales de soutien estompé.
Le réalisme impose de ne pas escamoter ce scénario difficile plus que probable.
Mais ceux qui nous disent « rien ne sera plus comme avant », doivent se donner l’ambition de provoquer un salutaire séisme des idées, à l’aune de ce que nous ont appris la pandémie et ses conséquences.
Si les décideurs, gouvernementaux, régionaux et locaux savent créer un tsunami comportemental de notre monde industriel, social, environnemental qui soit compris, approprié et pratiqué par tous, dans le privé comme dans l’exercice de nos responsabilités professionnelles, associatives, politiques, alors nous transformerons en bouleversement salvateur notre quotidien et notre pays.
L’après Covid, une occasion et une espérance.
« Toute guerre et crise sanitaire majeure engendre une période de grandes innovations et de transformations économiques. Après la Première guerre mondiale et la pandémie de la grippe espagnole, on a vu fleurir des inventions qui ont transformé notre vie quotidienne comme le haut parleur en 1924, le réfrigérateur, la télévision et le cinéma parlant en 1927 et enfin la lessive en 1930.
Le confort moderne de nos foyers et les divertissements de masse sont nés pendant cette période ». C’est ce que rappelle La Tribune.
Le désastre de la deuxième guerre mondiale n’a t’il pas lui provoqué un effort formidable de reconstruction du pays. Ce furent les « 30 glorieuses ». Bénéfiques économiquement et socialement, même si elles sont, parce que l’on en avait alors pas conscience, en partie à l’origine des maux qui rongent notre monde depuis les dernières décennies.
Les erreurs d’hier sont les leçons d’aujourd’hui.
La volonté politique, prise en défaut ces dernières années, doit être une véritable croisade pour nos Dirigeants à quelque niveau qu’ils se trouvent. La platitude du débat politique et le management à « la godille » peuvent sans doute inquiéter. Croyons au sursaut.
La crise sanitaire, la crise sociale, humanitaire, sociétale présentes depuis 6 mois, comme la crise économique qui s’annonce leur donnent l’opportunité de l’imagination et l’ardente obligation d’agir.
« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». C’est l’une des phrases cultes de Jacques Chirac, prononcée le 3 septembre 2002 au sommet de la Terre? Discours ô combien prédictif a t’il été suivi d’actions concrètes volontaristes et fortes, par lui même et ses successeurs ? …
Il nous faut changer de paradigme et surtout enfoncer à coups de boutoir ces certitudes prétentieuses comme quoi, par exemple, la France aurait le meilleur contrat social, la meilleure politique de santé etc… d’abord c’est en partie faux, par ailleurs admettons-en aussi le mauvais coté.
Le vote des 40 % de participants aux Municipales témoigne que la priorité verte devient une évidente préoccupation; mais s’agit-il du choix d’une écologie restrictive, punitive comme des chantres de l’écologie politique nous l’assènent; espérons que non.
Le souci d’une économie circulaire profitable devrait être prioritaire. La « médiation écologique » consistant pour toute décision étudiée à la faire passer au tamis de ses conséquences environnementales devrait désormais s’imposer. Nous pouvons être, non dans une approche restrictive mais au contraire dans une démarche de progrès si nous changeons nos comportements et passons au crible nos propres besoins.
C’est à une révolution des consciences à laquelle nous devons nous soumettre.
Commençons par observer autrement les résultats de notre pays, en mesurant notre vraie richesse. Une économiste Florence Janny Catris remet en cause la sacro sainte référence au PIB. « …Il ne dit rien non plus de toutes ces « richesses » non monétaires et non marchandes qui sont massivement créées en cette période de confinement et dont l’utilité sociale ne fait pas de doute (…) Le PIB ignore les solidarités de proximité et l’entraide informelle… Le PIB enfin est parfaitement insensible aux dégradations de patrimoines, au premier rang desquels le « patrimoine » écologique, mais aussi le « patrimoine social », cette capacité que nous avons, ou pas, à vivre ensemble ».
Pour mieux penser l’après, il faut bâtir des modèles économiques qui changent le monde et croire enfin en la possibilité d’envisager d’autres priorités et de reposer sur un entrepreneuriat social. Il faut défendre les entreprises à impact et « rétablir le lien entre valeur et utilité », notamment dans le monde financier. On suppose que pour tout cela le clivage politique droite /gauche est dépassé.
Intéressante la consultation “Comment inventer tous ensemble le monde d’après ?” A mi-parcours, cinq grands thèmes se dégagent : la protection de l’environnement (22% des propositions), l’agriculture (17% des propositions) , les transports (10% des propositions ), l’emploi (9% des propositions ) et la santé (6%des propositions).
C’est le huffington post faisant parler Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste du Bipe, « nous apprend que la transition écologique des entreprises et la relocalisation ont commencé bien avant cette crise sanitaire, mais que le coronavirus aura forcément un impact sur “l’accélération” de ce changement. »
L’après Covid impose réflexion et anticipation : un plan quinquennal ?
Pourquoi ne pas réhabiliter « le plan » ?… comme le rapporte France Inter, Michel Wievorka, Directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, estime lui, que « cette situation doit nous apprendre à savoir anticiper une catastrophe », pointant la capacité d’une société à anticiper et agir immédiatement face à de tels fléaux. Lui pense aux catastrophes sanitaires, mais la planification a une vocation bien plus étendue.
Abandonnée depuis 1992 en dehors du militaire, la planification, en tant qu’outil de réflexion, de décision et de pilotage, mériterait d’exister dans de nombreux domaines tels que l’énergie, l’environnement, les transports (aériens, fluviaux et terrestres), le numérique, les télécommunications, les biotechnologies, le sanitaire et la santé … La planification inscrit dans la durée des engagements politiques, pas comme les promesses électorales.
L’après Covid, malgré tout un essai à transformer.
Bien que nous ne soyons pas dans l’après, car de nouvelles vagues menacent, ne cédons pas à la déprime et au pessimisme.
Avec la numérisation, beaucoup de secteurs passent d’une production uniforme à des produits plus singuliers, plus personnalisés, adaptés à chacun. Cette évolution de la demande n’est plus compatible avec de larges stocks transportés pendant un mois en paquebot depuis la Chine. Il faut pouvoir réagir vite.
Ce que nous avons d’ingéniosité et d’innovation nous invite à l’optimisme. La fabrication, au pied levé, en 3D de visières de protection et des respirateurs, entre autres, en constituent une des meilleures vitrines.
Des start-up, imaginatives et performantes se créent. Les mentalités évoluent. « La crise du Covid-19 est une chance… pour agir véritablement pour le climat et l’environnement, et pour inventer un nouveau modèle de développement plus sobre, plus raisonné », comme l’écrit Nicolas Ledoux Président d’Arcadis ESG.
Retenons pour nous la maxime de Winston Churchill « Never waste a good crisis » et sa traduction « Ne gaspillez jamais une bonne crise ».
« L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt « … après la crise réagissons vite !
Cet article est plein d’espoir. Le peuple français a montré sa résilience et ses capacités à innover pendant les jours difficiles. Poursuivons la mutation vers une économie respectueuse de l’environnement et de chacun.