Mal-logement, il s’aggrave avec la crise
Depuis 25 ans, la Fondation présente son rapport annuel sur l’état du mal-logement en France et chaque année, ce temps fort reconnu par les acteurs du logement, permet à chacun de prendre conscience de la gravité de la situation, alors même que des solutions existent pour sortir de l’exclusion les plus fragiles d’entre nous et leur donner une place à part entière dans notre société.
Dans les grandes villes, comme dans les campagnes, de nombreux citoyens – et fait de plus en plus marqué, de plus en plus de jeunes – sont conscients que notre quotidien et ce que nous avons construit, à l’échelle de notre pays comme à l’échelle de la planète, est fragile.
Dans ce contexte d’inquiétude marqué par les dérèglements sociaux, économiques et environnementaux, la Fondation ne peut se contenter de tirer la sonnette d’alarme. À la veille des élections municipales, échelon au plus près des réalités de la vie quotidienne, elle se veut également porteuse d’espoir et de solutions, comme l’illustrent les 15 axes de propositions à destination des futurs élus locaux.
Car il ne s’agit pas seulement de dénoncer les dysfonctionnements, l’inertie des pouvoirs publics ou le manque de volonté politique au plus haut sommet de l’État, il s’agit aussi de rappeler combien chacun d’entre nous est responsable de la société en permanente évolution et que nous avons à construire ensemble.
Au cœur de cette société, les personnes vivant seules, parfois aussi isolées socialement, sont de plus en plus nombreuses à être victimes du mal logement.
Hommes et femmes seuls à la rue, personnes âgées en situation de veuvage, adolescents livrés à eux-mêmes… ils représentent aujourd’hui un enjeu sociétal majeur. Pour la Fondation, ces situations individuelles, trop souvent synonymes de détresse, devaient faire l’objet d’une analyse approfondie pour éclairer le regard de l’ensemble de la société et sensibiliser nos futurs élus. Ce rapport leur consacre un chapitre central.
Dans ce fragile équilibre, entre motifs d’inquiétudes majeures et raisons d’espérer, et alors qu’une nouvelle décennie s’ouvre à nous, rappelons ici cette recommandation de l’abbé Pierre : « N’oublions pas que nous avons deux yeux. Il faut avoir le courage d’avoir un œil ouvert sur la misère et l’autre sur la beauté des êtres et du monde. »
LAURENT DESMARD
Président de la Fondation Abbé Pierre