L’immigration clandestine. Difficile d’émettre et de traduire une opinion objective, difficile de s’orienter vers une analyse qui ne soit pas à charge ou à décharge ?
Pour traiter de l’immigration clandestine, c’est sans doute mieux de s’extraire de toute inspiration politique, de l’humanisme et de la solidarité poussés à la candeur, comme du sectarisme des aficionados de la préférence nationale.
1/ Traiter l’immigration clandestine en amont, grâce à des « hotspots » en Libye, fausse bonne idée du Président de la République ?
« L’idée est de créer en Libye des hotspots afin d’éviter aux gens de prendre des risques fous, alors qu’ils ne sont pas tous éligibles à l’asile. Les gens, on va aller les chercher. Je compte le faire dès cet été », c’est ce que déclarait E. Macron à Orléans, récemment.
Il est vrai que d’après FRONTEX, 93 % des migrants arrivant en Italie viennent d’Afrique.
L’OFPRA ferait un tri entre ceux des demandeurs d’asile recevables et les non éligibles au statut de réfugié politique en France.
Mais répondre à la question : « les demandeurs refusés resteront ils en Afrique ou non ? », c’est répondre d’une certaine manière sur la pertinence ou non de l’idée de Monsieur Macron.
Si cela avait une chance de marcher, :
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on éviterait surtout le lourd tribut payé par ces clandestins dont plus de 3 000 sont morts lors des traversées,
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on lutterait contre ces passeurs criminels,
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même si cela paraît trivial de le dire, on allégerait le coût de cette immigration pour la France. Ce coût s’avère difficile à chiffrer : 13.000€ par réfugié, jusqu’à ce qu’il obtienne l’asile, 5.500 € par personne, pour ceux qui sont déboutés, selon un rapport de la Cour des comptes en 2013. Pour un total de près de deux milliards d’euros, à l’époque. Sans doute le double, voire beaucoup plus, compte tenu du nombre grandissant de migrants qui arrivent aujourd’hui.
2/ L’immigration clandestine de nature politique
L’immigration résultant de l’arrivée de réfugiés politiques en danger, n’a rien à voir avec l’immigration de nature économique, même si cette dernière résulte de son lot de misères vécues dans les pays d’origine également source de grands périls.
L’immigration clandestine politique constitue aujourd’hui le point de focalisation le plus fort et concerne des réfugiés notamment de Syrie, d’Irak, d’Afrique de l’Est …., dans lesquels existent de lourdes zones de conflits, ceci d’ailleurs au préjudice d’immigrés clandestins originaires de pays moins exposés médiatiquement, mais aussi dangereux comme la République Démocratique du Congo (voir un précédent article)
3/ L’immigration clandestine d’origine économique.
Elle concerne des clandestins peu ou pas formés. Elle est surtout d’origine africaine, du nord, du centre et de l’Ouest.
Ces malheureux attirés par le mirage de l’eldorado français, victimes de filières de passeurs qui leur extorquent des sommes exorbitantes, déchantent vite.
Ils retrouvent bien souvent la misère, sans repère, arrachés à leurs racines et à leurs traditions. Même si prétendre que « la misère se vit mieux au soleil » est péjoratif, on ne peut que faire un constat insupportable en voyant sur les bords du périphérique parisien et de l’A86, des enfants dans un état de précarité indigne, en plein hiver.
L’immigration clandestine profite -t-elle aux entreprises? On le dit, à tort ou à raison. Il est vrai que le travail au noir que l’on feint d’ignorer reste significatif. La fraude réelle aux prélèvements sociaux concernant les entreprises atteindrait 6,1 à 7,4 milliards d’euros par an, selon l’ACOSS. S’y ajoute celle imputable aux particuliers.
Mais le fort chômage dans notre pays réduit les possibilités d’emploi pour les immigrés économiques et les entraine à des expédients, même s’ils viennent encore pallier les manques de main d’œuvre sur certains emplois dont les travailleurs français se détournent.
4/ Étouffer l’immigration clandestine économique dans l’œuf.
C’est une façon d’évoquer l’aide financière et technique susceptible d’être accordée, sous contrôle, aux pays pourvoyeurs de l’immigration, seul façon de fixer sur place les candidats au départ.
« La volonté de la France d’agir en faveur du développement des pays moins avancés socialement et économiquement est constante. L’aide publique française au développement est d’ailleurs, depuis 2000, en forte croissance. Elle s’est ainsi élevée, en 2004, à 6,82 milliards d’euros, ce qui fait de la France le troisième État donateur du comité d’aide au développement de l’OCDE ».
C’est ce qu’observait le Sénat dans un rapport ancien maintenant puisque remontant au 6 avril 2006. La contribution française se trouve depuis en nette diminution ; ce qui se justifie au regard de notre propre situation économique et budgétaire.
Toutefois, ne serait-il pas utile de rapprocher notre contribution à l’OCDE, au montant des aides diverses et des transferts sociaux versés aux immigrés régularisés temporairement ou définitivement. Ces régularisations ont bondi de 50 % en 2013 (35 000) pour sûrement ne pas fléchir depuis.
Nous n’avons pas trouvé d’étude récente sur le coût global de ces transferts sociaux.
Mais nous ne prenons pas de risque en considérant qu’une politique encore plus volontariste française et européenne permettant de former les jeunes, de développer une économie (à l’africaine) pourvoyeuse d’emplois, de rendre la production locale rentable par rapport aux importations, serait éminemment souhaitable pour limiter la charge pesant sur nos foyers fiscaux.
Du reste notre nouveau Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean Baptiste LEMOYNE, ne s’exprimait-il pas en ce sens sur Radio Classique, le 7 juillet dernier à 8h30.
Il appelait à mettre en place un co-développement pour « bâtir un nouveau partenariat avec les pays pourvoyeurs d’immigrés afin de créer des emplois sur place au bénéfice de ces gens qui croient venir chercher le bonheur ailleurs ».
Il semblerait que la réflexion soit lancée.
5/ L’immigration légale coûte à la France ou lui rapporte-t-elle
A cet égard la revue CAPITAL avait publié une étude en 2015. Sans doute d’autres avis pourraient avancer des points de vue différents à ce qu’elle expose. nous vous la livrons sans jugement.
« sans ses immigrés, la France ne serait pas la cinquième puissance économique du monde. Loin s’en faut ! Au classement de la richesse nationale, elle serait distancée par le Royaume-Uni, l’Italie, le Brésil et peut-être même talonnée par la Russie. Cela tient à une simple question arithmétique. Selon les calculs de Michèle Tribalat, les étrangers accueillis sur notre sol depuis 1960 représentent aujourd’hui avec leurs descendants une masse de près de 10 millions d’habitants, autrement dit 15% de la population. Or, comme les 55 millions d’autres, ces personnes consomment des biens, travaillent, se logent, bref, nourrissent l’activité dans l’ Hexagone. D’après les estimations de Lionel Ragot et Xavier Chojnicki, deux des rares économistes à avoir travaillé sur le sujet, les seuls immigrés de première génération ont acquitté en 2005 un peu plus de 18 milliards d’euros de taxes sur la consommation, c’est-à-dire proportionnellement presque autant que le reste de la population. Autant dire que, sans eux, bien des entreprises devraient fermer leurs portes, faute de débouchés … ».