L’État du mal-logement en France 2021
Depuis le début de l’année 2020, notre pays, le monde, traversent une période de turbulence dont nous n’avons pas encore mesuré toute la portée. Chacun d’entre nous est affecté, d’une façon ou d’une autre, par l’inquiétude, la maladie, la crise sanitaire ou les conséquences sociales et économiques que génère cette période.
Nous pouvons dès lors facilement mesurer ce que cela signifie aujourd’hui pour toutes celles et tous ceux qui, déjà avant cette crise, vivaient dans le dénuement, le besoin ou la peur du lendemain. Il nous faut désormais prendre toute la mesure de ces réalités, leurs origines comme leurs conséquences, pour en tirer un maximum d’enseignements et réorienter autant que nécessaire nos réponses et nos manières d’agir.
C’est ce que nous proposons de faire dans cette 26e livraison du rapport sur « L’État du mal-logement en France ». Qui a été frappé et avec quelle intensité par la crise sanitaire et ses conséquences ? Qu’est-ce que les confinements nous ont enseigné sur l’importance du logement dans la vie quotidienne des ménages les plus fragiles ? Quelle efficacité, mais aussi quelles limites dans notre protection sociale ou nos politiques du logement, se sont manifestées au cours de ces crises sanitaire, sociale et économique qui ont fini par se superposer ? Ne pensons pas simplement que cette crise « finira bien par passer », car ses séquelles risquent d’apparaître encore pendant longtemps.
Regardons plutôt ce qu’elle révèle de nos fragilités, de nos insuffisances collectives, comme de nos forces politiques, associatives, citoyennes et nos capacités à « venir en aide aux plus souffrants », comme nous l’invitait à le faire sans relâche notre fondateur. Cette nouvelle édition du rapport de la Fondation Abbé Pierre est aussi l’occasion de revenir sur le niveau d’ambition des politiques publiques mises en œuvre au cours de l’année écoulée, au cœur de la crise sanitaire lorsqu’elle a surgi, comme en rythme de croisière ou au moment de faire des choix pour la « relance » de notre pays et son économie.
Politiques sociales, politiques du logement, de lutte contre les inégalités. Mais aussi politiques écologiques, à travers l’ambition de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, de rénover les passoires thermiques et lutter contre la précarité énergétique. Sans oublier les politiques locales, six mois après les élections municipales, en cherchant à apprécier dans quelle mesure les élus (nouveaux ou confirmés) ont intégré les enjeux liés à la construction, la rénovation, la mise en œuvre du Logement d’abord en direction des personnes sans domicile…
Nous le savons, il est possible de construire un monde plus solidaire et plus respectueux de notre planète. Possible et surtout indispensable. Mais à l’évidence le compte n’y est pas, malgré les alertes répétées et les souffrances que cela génère pour un nombre croissant de nos concitoyens. La question qui nous est posée est donc de savoir si nous allons enfin nous donner effectivement les moyens d’y parvenir. C’est à la Fondation Abbé Pierre, notre vœu le plus cher en cette nouvelle année pas comme les autres.
LAURENT DESMARD
Président de la Fondation Abbé Pierre