Pouvoir d’achat : salaires, augmentation; impôts et taxes, baisse.
Ce sont parmi les nombreuses revendications, celles qui émergent pour donner du pouvoir d’achat.
Patrick ARTUS nous dit que cela mènerait mécaniquement à l’augmentation du chômage, surtout chez les moins qualifiés. Démonstration.
En France, depuis 20 ans, les salaires réels ont augmenté légèrement plus vite que la productivité, souligne Patrick ARTUS.
La revendication de soutenir le pouvoir d’achat par la baisse des impôts sur les ménages ou par l’augmentation des salaires bénéficie d’une forte popularité en France. Mais, malheureusement, il faut revenir aux réalités et comprendre que quelques mécanismes macroéconomiques simples s’imposent.
Tout d’abord, il faut remarquer qu’en France, depuis 20 ans, les salaires réels ont augmenté légèrement plus vite que la productivité. Il n’y a donc pas de déformation anormale du partage des revenus au détriment des salaires (comme aux États-Unis, en Allemagne, au Japon) qu’il faille corriger. Augmenter les salaires plus vite que la productivité conduirait, comme on l’a toujours vu dans le passé (et depuis 30 ans, comme on le voit en Italie), au recul de la compétitivité (donc des exportations) et de la profitabilité (donc de l’investissement).
Désindustrialisation
Il faut ensuite accepter que baisser la pression fiscale sur les ménages, dans un pays qui va avoir 3 points de PIB de déficit public en 2019, imposerait de baisser les dépenses publiques (on ne peut pas distribuer durablement du pouvoir d’achat aux ménages par l’endettement).
Quand on compare la France et les autres pays de la zone euro, on voit que l’écart essentiel dans la taille des dépenses publiques concerne les dépenses de retraite : faut-il baisser les retraites pour réduire la pression fiscale ?
Le troisième point qui mérite l’attention est que la France se désindustrialise en raison d’un coût du travail élevé compte tenu du niveau de gamme de l’industrie. La France et l’Espagne ont des niveaux de gamme voisins, tandis que le coût salarial unitaire est plus élevé de 25 % en France. Accroître les salaires accélérerait la désindustrialisation, et le remplacement des emplois qualifiés et assez bien payés de l’industrie par des emplois peu qualifiés et aux salaires faibles dans les services à la personne.
Enfin, il faut rappeler que la sensibilité de l’emploi peu qualifié au coût du travail peu qualifié est forte : une hausse de 1 % du coût du travail peu qualifié réduit l’emploi peu qualifié de 1 % environ. Certes, il est difficile de vivre avec le salaire minimum, mais augmenter le salaire minimum, en laissant cette augmentation à la charge des entreprises, conduirait à une hausse forte du taux de chômage des peu qualifiés, déjà très élevé (16 %).
Un modèle d’« insiders »
Même si c’est pénible, il faut respecter un minimum de règles macroéconomiques : les salaires ne peuvent pas augmenter durablement plus vite que la productivité, la baisse des impôts nécessite celle des dépenses publiques, le poids de l’industrie dépend de la compétitivité-coût et du niveau de gamme, l’emploi peu qualifié dépend fortement de son coût.
On ne peut pas accepter un modèle d’« insiders » où, avec des hausses de salaire et des baisses d’impôts ne respectant pas ces règles, ceux qui garderaient leur emploi (les insiders) auraient effectivement un niveau de vie plus élevé, tandis que l’industrie détruirait davantage d’emplois et que le taux de chômage des peu qualifiés augmenterait.
Il n’est jamais populaire de plaider l’effort, mais il faut accepter qu’une hausse du pouvoir d’achat n’est possible en France que s’il y a parallèlement une hausse de la productivité, donc des compétences et du niveau de gamme.
Un article explicatif sur l’économie forcément n’entre pas dans nos compétences. Nous empruntons, ci dessus, à Patrick ARTUS un article publié dans le Point, car il confirme l’avis d’une majorité d’économistes et se présente sous une certaine facilité pédagogique.
Ndlr : beaucoup, en ce moment, font référence à mai 68 et à ses acquis. Ces événements, nés d’un mouvement d’étudiants et rattrapés par le mouvement ouvrier ont eu des conséquences éducatives, sociétales, sociales, culturelles considérables. Les rapports dans, la famille, l’entreprise, la société tels qu’ils étaient avant, ont été balayés, avec forcément des excès. Nous changions de monde, un esprit de liberté s’instaurait. Le SMIG, ancêtre du SMIC en 1968 a bénéficié d’une hausse dans le cadre des accords dits de Grenelle de 35,14 %. Énorme. Les autres salaires ont été aussi fortement revalorisés. Mais il y a 50 ans, en mai 1968, sur le plan économique la France est alors à l’apogée des « Trente Glorieuses ». Aujourd’hui nous en sommes bien loin. Mais plus notable : nous avons assisté à une forte progression du chômage de masse qui passe alors de 2,5 % en 1968 à 5,7%. dix ans plus tard. La charge de l’impôt et des taxes sur les ménages augmente fortement . L’inflation quand à elle, a été multipliée par 4 à fin 1973. C’est dire que les avantages en terme de salaires obtenus par les salariés en 1968 ont été, malheureusement totalement gommés. On ne s’en souvient plus et certains voudraient rejouer 68. |
« TINA »there is no alternative…il n’y a pas d’alternative, pourrait être en quelque sorte la conclusion de l’article de Mr Artus…
Il me semble quand même que cet économiste oublie quelques données pour expliquer aux smicards qu’on ne peut leur proposer que des miettes, aux retraités qu’ils doivent payer une participation à la CSG, aux pauvres qu’ils doivent le rester et aux chômeurs qu’ils n’ont qu’à traverser la rue pour trouver du boulot…et que s’ils n’en trouvent pas les dernières « réformes » ne leur feront pas de cadeau!
Quid des milliards du CICE dont certains économistes parlent comme d’un scandale d’état !
Quid de la suppression de l’ISF qui, même si le montant n’est pas énorme (entre 3 et 5 milliards d’euros) trouverait son utilité dans ce budget d’état si difficile à boucler…
Quant à l’évasion fiscale, elle semble définitivement avoir disparu des radars!
Non, décidément, je pense qu’une alternative existe bien en dehors de la précarisation d’une classe moyenne en voie de basculement vers la pauvreté, il existe bien une autre sorte d’économie en dehors de cet acharnement sur les plus pauvres, les plus miséreux, les personnes handicapées, les mal logés ou sdf, les vieux, les femmes qui élèvent seules leurs enfants…La France est toujours riche du travail de ses salariés, de ses ouvriers, de ses artisans, mais plus de la moitié de cette richesse est confisquée par seulement 10% des plus riches…Monsieur Artus aurait-il oublié ces données ?…