Dix heures, le magasin vient d’ouvrir. J’arrive pour simplement échanger un vêtement récemment acheté qui est trop large.
La vendeuse, près de la caisse achève sa tasse de thé. Elle s’exclame « oh non ! pas d’échange »… je lui dis, « prenez votre temps, finissez-votre tasse », en m’approchant d’elle. Nous nous regardons intensément, immédiatement, elle se confie, me parle d’un problème personnel, sans préciser lequel…
Évaluant que j’ai à peu près le double de son âge et que la vie est loin de m’avoir gâtée, je lui réponds que si je lui racontais mon parcours, j’espèrerais, pour elle, que le sien est moins douloureux que le mien..
Le verdict tombe : un diagnostic médical vient de lui être annoncé, le mal du siècle, avec tout ce qu’on peut imaginer comme traitements sans être certain d’une guérison.. elle n’ose pas encore prévenir ses proches, craint de les voir s’effondrer.
Alors, je survole mes propres malheurs, elle voit que je suis toujours là, pour ceux qui restent et peut-être aussi pour la rencontrer aujourd’hui, pour lui montrer qu’il y a parfois de petits signes. Je l’encourage, lui raconte que j’ai surmonté par deux fois la même maladie, les deuils cruels et qu’elle, elle trouvera la force d’y arriver, l’envie de vivre, pour elle, pour les siens, de vaincre sa peur.
Je quitte la magasin, nous nous envoyons des baisers du bout des doigts, je lui dis « nous nous reverrons ». Il y a dix minutes, nous ne nous étions jamais rencontrées…
Je ne veux pas tourner au conte de Noël, ni faire de misérabilisme, mais c’est le moment où jamais, pourquoi pas un petit miracle ? pourquoi cet enfant que le monde attend avec ses promesses ne les réaliserait-il pas enfin ?
La paix dans les cœurs, dans les corps et dans le monde ?
Rêve, il n’y a pas d’âge pour le faire !!!!