Romy Schneider 35 ans déjà!

Romy Schneider sujet du  100eme article de Vivre l’Yonne

Romy Schneider, comme beaucoup je l’admirais, mais son histoire personnelle, hormis ses drames, ne m’était guère familière.

Les hasards de la vie m’ont permis de rencontrer Sylvie AMEDRO, Présidente de l’association « Amicale Romy Passion». Elle écrit dans la Gazette du Sans Souci. Sylvie Professeur d’histoire-géo se passionne en effet pour une histoire plus contemporaine, celle de Romy Schneider dont c’est, cette année, le 35 ême anniversaire de la tragique disparition.

A travers Romy Schneider les membres de l’association se retrouvent autour du cinéma et de l’amour qu’ils lui portent.

Sylvie nous livre un article dont elle est l’auteur, article paru dans le numéro d’AOÛT 2017 de la gazette. Ce numéro trace en huit pages des tranches du parcours de la vie de Romy Schneider. Il est très fourni et particulièrement documenté. Je produis, à votre intention, les extraits qui m’ont le plus intéressés.

«  Romy Schneider, tout en elle est frissonnement, hésitation et son jeu reflète l’ambiguïté et la fragilité de la condition humaine. Une femme d’aujourd’hui qui assume tout en ayant peur, sans flagornerie, ni arrogance. Nourrie de ses propres expériences, de ses relations et observations, elle a su interpréter avec justesse des

héroïnes sociales et historiques en leur donnant de son humanité. Elle a donné l‘image d‘une femme qui au cinéma comme dans la vie quotidienne délivrait des émotions, toujours prête à pleurer, à rire, à donner, à prendre; le contraire de l‘inertie, de la résignation et de l‘apathie. » disait d’elle le journaliste André Halimi.

Mais laissons la « plume » à Sylvie :

« … De l’héroïne à l’eau de rose à son dernier rôle dans « La Passante du Sans Souci », elle traversa son époque et le cinéma européen avec générosité et détermination. Les personnages historiques et de fiction qu’elle incarna avec talent mettent en lumière, une mémoire vive des événements mondiaux ainsi que certains aspects de  l’existence et de l’évolution de la société…

La comédienne personnifia la femme européenne :

Elle est enfant de la guerre, adolescente de la reconstruction de l’Europe et actrice aux rôles ancrés dans une réalité historique liée à la montée et l’expansion du nazisme et au sort de l’Allemagne et de l’Europe d’après-guerre.

L’œil rivé à la caméra, les réalisateurs ont donné une certaine image et idée de la femme. Cette idée peut se nommer Romy Schneider. Elle devint aussi une femme impliquée dans son époque. Elle appartenait à la nouvelle génération qui arrive à l’âge adulte dans les années 60 et interpréta des personnages féminins, des êtres aux facettes multiples, complexes, des portraits de femmes qui se battent pour leur émancipation et qui subissent des préjugés que leur impose leur condition.

Romy Schneider, une femme engagée.

Romy ne fut pas seulement une interprète mais s’impliqua personnellement dans le combat mené pour l’obtention de l’avortement.

Femme engagée, Romy Schneider se prononce pour un avortement libre et gratuit ; cela lui vaut d’être inquiétée par la justice. Comme en France, l’avortement est, à l’époque, interdit en Allemagne de l’Ouest, encadré par le très rigoureux article 218 du code pénal qui prévoit la prison pour celles qui le braveraient.

Le tribunal de Hambourg entama une action judiciaire contre « l’actrice de mauvaise vie ». La peine encourue : cinq ans de prison. Romy Schneider s’indigne contre

l’injustice qui touche les femmes pauvres et obscures…

Dans Une histoire simple(1978) Claude Sautet évoque des problèmes d’actualité, tels que le licenciement, la restructuration, l’avortement. Romy Schneider incarne Marie qui est confrontée à la question de l’avortement : elle prend en effet la décision d’avorter au début du film, l’enfant étant d’un homme qu’elle n’aime pas. Cela fait écho à son propre parcours et à ses prises de position personnelles. La loi Simone Veil sur l’avortement est entrée en vigueur trois ans plus tôt, en 1975… Avec « Une histoire simple », Sautet prend la défense des femmes.

… nous devons à nouveau vivre ensemble pour une Europe qui protège Romy Schneider partageait cette vision de l’Europe de Simone Veil, même s’il lui fut difficile d’échapper au sentiment de culpabilité du peuple allemand .Cette femme née en Autriche, à Vienne le 23 septembre 1938, voyageuse au passeport allemand adopta la terre de France et enthousiasma les publics européens. En dépit de sa fulgurante notoriété établie par la diffusion des « Sissi », elle aspira à évoluer. Courageuse et opiniâtre, elle affronta l’inconnu et découvrit ce qu’il y avait de l’autre côté du Rhin. Après une courte parenthèse hollywoodienne elle privilégia l’Europe où sa connaissance de plusieurs langues alimenta sa soif de défis. Même si ses racines germaniques demeuraient profondément ancrées en elle avec son goût pour la musique et l’histoire de son pays, c’est en France qu’elle trouva sa place et la reconnaissance grâce à ses qualités évidentes d’interprète et son accent charmant et charmeur qui plaisait tant aux Français….

Cette comédienne cosmopolite et polyglotte cultiva cette propension à aller d’aventure en aventure de metteurs en scène renommés, en jeunes cinéastes inconnus. Ces choix lui offrirent de belles rencontres avec Visconti, Welles, Losey, Deray, Granier-Deferre, Enrico, Girod, Rouffio…… et Sautet, de beaux rôles de femmes qui toucheront le cœur des spectateurs et donneront naissance à des films inoubliables comme « La Piscine »,

 « le Train», «le Vieux Fusil », « César et Rosalie », « la Banquière », « la Passante du Sans-souci »

…Dans« une Histoire Simple » de Claude Sautet, la mère de Marie-Romy est interprétée par Madeleine Robinson qui avait déjà joué avec elle dans « le procès » d’Orson Welles en 1962. C’était une comédienne que Romy Schneider admirait et estimait selon ses propres mots. Lors du tournage, sa mère à l’écran, lui parla du sujet de la «  Passante du Sans Souci » et l’invita à lire le roman de Kessel; ce qu’elle avait déjà fait! Cette passante avait de nouveau croisé sa route. Elle cheminait déjà dans son esprit et prit forme. Pour une unique fois, Romy initia un projet dont le thème et le réalisateur lui tenaient à cœur. C’est sans doute cela, qui malgré les drames douloureux, lui donna la force d’interpréter cet ultime rôle, assurée de l’amitié de Rouffio, Danon et Piccoli.

Romy Schneider incarne, dans « la Passante du Sans Souci »(1982), une émigrante allemande à Paris, qui héberge un enfant juif.

L’histoire évoque l’horreur des crimes nazis et la terreur exercée sur les résistants allemands. Il s’y glisse toute la déchéance d’un monde au bord du chaos. Après un début situé en Allemagne, l’action se tient principalement en France, avant la déclaration de guerre de 1939, et la marche à la guerre donne à l’ensemble un contexte pesant, difficile et épais qui illustre fort bien l’état d’esprit de l’époque, entre antisémitisme et crise économique.

Au sujet de ses déclarations et de ses actions, Romy Schneider n’a jamais parlé de démarches directement politiques. Elle a davantage soutenu personnellement des initiatives politiques, des causes morales. Dans cette Europe d’après- guerre plongée dans la guerre froide, elle tente de se construire comme tant d’autres Européens. On lui connait des sympathies pour le SPD (parti social-démocrate) et pour l’action de Willy Brandt ancien maire de Berlin lorsqu’elle y résida et chancelier. Sans doute Romy a-t-elle manifesté un intérêt politique sans jamais vouloir entrer dans un discours par peur d’un débat intellectuel auquel elle n’était pas formée. Elle a montré par ses actes, ses rôles beaucoup de courage et a enduré toutes sortes d’épreuves…. »

Jacques Rouffio réalisateur et scénariste, membre de l’Amicale Romy Schneider

L’Amicale Romy Schneider était connue de Jacques Rouffio. J’emprunte à Sylvie ce qu’elle dit de ce dernier. Le célèbre réalisateur, à la filmographie éclectique et engagée est décédé en juillet 2016. Il a marqué les années 70-80 avec Sept morts sur ordonnance. Il aimait s’attaquer aux tabous de la société française. Il avait dirigé Romy Schneider dans son dernier rôle : la passante du Sans souci.

Jacques Rouffio a rejoint l ‘Amicale Romy Schneider il y a quelques années saluant lors d’un dernier courrier l’action sentimentale et culturelle pour Romy relayée par la Gazette du Sans-Souci.