Séniorisation plutôt que vieillissement.
L’épidémie de Covid 19 a sans doute constitué un révélateur à la fois, certes de la fragilité des Séniors – pas de tous – mais aussi en même temps de leur volonté d’être
des personnes à part entière qu’il convenait de ne pas discriminer au regard du seul critère d’âge.
En effet, à un moment donné, l’exécutif a suscité l’inquiétude et surtout la colère des séniors en laissant entendre que le confinement, après le 2 juin, serait plus long pour les Séniors de plus de 65 ans.
Il pouvait y avoir d’autres critères que l’amalgame générationnel tel «le critère clinique de fragilité individuelle». Mais cela appelle à la responsabilité personnelle de chacun.
Les mots, on le voit bien, montrent ici toute leur importance. Parler notamment de «vieillissement» quand on traite de l’individu, revêt plutôt une acception physique et médicale.
« Séniorisation », ce néologisme paraît plus global et traduit sans doute mieux le fait que «les Français deviennent de plus en plus des séniors, des retraités, des inactifs avec autant de sagesse que de douleurs».
Supprimer le mot « vieux » du langage serait souhaitable et changer le regard que l’on a sur les Séniors, quand on ne l’est pas, paraît totalement nécessaire.
Combien de fois n’a t’on pas entendu et vu dans les reportages de ces derniers temps des personnes jeunes se sentir protégées du Covid 19 parce que celui-ci ne touchait que les « vieux ».
Ce n’est pas tant l’expression d’une réalité incontestable bien sûr qui pouvait choquer, mais la marginalisation dans laquelle on plaçait allégrement les Séniors.
Le Sénior pendant encore plusieurs dizaines d’années, participera activement à la marche de la société sous tous ses aspects, économiques, fiscaux, sociaux et solidaires. Il consomme, il paye des impôts, il participe activement à la vie associative, tant nécessaire dans cette période incertaine. Même si cela est très honorable, il n’a pas qu’un rôle de mémoire et de garde des petits enfants …
La séniorisation de la société quand on considère que les plus de 60 ans seront, en 2040, près de 22 millions, soit 31% de la population contre 18% en 1970 (source insee) est un fait acquis.
Face aux nouveaux citoyens séniors, la société doit s’adapter.
Séniorisation de la société et silver économie.
La silver économie c’est sous ce nom que se cache l’ensemble des produits et services à destination des séniors. La silver économie se développe avec le vieillissement des Français. « Les nouveaux besoins économiques, technologiques et industriels liés à l’avancée en âge (…) ouvrent un champ vaste pour l’économie et l’industrie dans nos pays », soulignaient déjà en 2013 les ministères de l’Économie et des Finances et des Affaires sociales et de la Santé. C’est encore plus vrai aujourd’hui.
Améliorer la qualité de vie des personnes âgées, garantir leur autonomie le plus longtemps possible ou même allonger leur espérance de vie : tels sont les principaux objectifs de la silver économie.
La silver économie, la séniorisation économique, pourrait entraîner 300 000 créations d’emplois nets, pour un marché de 130 milliards d’euros en France.
De nombreux secteurs sont en effet concernés par cette tendance et peuvent proposer des produits adaptés aux plus âgés, notamment :
- la santé : soins à domicile, médecine à distance, nutrition, objets de santé connectés… ;
- la sécurité et l’autonomie : téléassistance, détecteurs… ;
- l’habitat : logements adaptés, domotique… ;
- les services : services à la personne, aide ménagère, prévoyance… ;
- les loisirs : tourisme, sport, jeux… ;
- la communication : téléphones mobiles, tablettes, Internet… ;
- les transports : aides à la mobilité, transports adaptés…
La séniorisation mérite une politique à part entière.
Au delà de la silver économie se déclinent toutes les nécessités apparaissant avec l’âge et surtout le «grand âge»
La crise sanitaire du Covid 19 révèle les insuffisances de l’accompagnement des aînés estime le sociologue Serge Guérin. Il est spécialiste des questions liées au vieillissement et il a décidé de ne pas passer son constat sous silence. C’est ce qu’il fait dans un article du journal Notre Temps, en lançant un appel aux « États Généraux de la séniorisation de la société ».
Serge Guérin considère surtout « qu’il n’est pas imaginable de penser les choses POUR les plus âgés sans le faire AVEC eux. Cette parole de terrain est essentielle pour agir de façon utile et adaptée aux besoins de celles et ceux qui vivent la problématique dans leur chair! »
C’est vrai que notre jacobinisme technocratique, qui montre fréquemment ses limites, conduit trop souvent une haute fonction publique à penser et décider sans impliquer la société civile. Comment s’étonner qu’ensuite les citoyens rechignent et contestent.
Si l’on avait besoin d’un exemple, on le trouverait dans la création d’une cinquième branche aux quatre de la Sécurité Sociale, celle de la « dépendance », voulue par le candidat Macron et par beaucoup de ses prédécesseurs depuis des décennies.
Le Gouvernement vient de transmettre, en mai 2020, aux organisations salariales et patronales deux projets de loi qui y sont consacrés, pour qu’ils soient soumis au Parlement au 30 septembre 2020 et une entrée en vigueur dès 2021.
Pas sûr que le temps du dialogue et de la concertation soit raisonnablement suffisant ! … il est vrai que le CESE avait lancé une consultation nationale sur la dépendance, mais en février 2011; encore un rapport aux oubliettes. Faute de courage politique, le projet a été, à l’époque, définitivement abandonné.