Surmédication et bon usage du médicament: un enjeu de santé publique
Les médicaments sont une chance pour les patients: ils soulagent, guérissent, prolongent la vie, la surmédication, non.
Mauvais dosage, mauvaise prise, non-respect du traitement prescrit, interaction entre plusieurs médicaments…les causes d’un accident lié à un médicament sont diverses et les conséquences loin d’être anodines.
Ces accidents liés au médicament sont responsables chaque année de plus de 10 000 décès (3 fois plus que les accidents de la route), mais aussi plus de 130 000 hospitalisations et près de 1,3 million de journées d’hospitalisation. Dans 45 à 70 % des cas ils seraient évitables!
C’est un problème de santé publique reconnu et bien documenté mais sans avancées majeures depuis de trop nombreuses années.
Cholestérol, diabète, hypertension, ostéoporose, troubles du sommeil… avec l’âge, la liste des médicaments sur l’ordonnance s’allonge. « Environ 40 % des personnes âgées de plus de 75 ans consomment dix médicaments ou plus par jour », estimait Xavier Cnockaert, responsable du pôle de gérontologie au centre hospitalier de Beauvais, à l’occasion d’une journée organisée en mars 2018 par le Collectif sur le bon usage du médicament. Selon lui, la consommation de médicaments par les seniors a doublé en vingt ans.
Un public particulièrement touché par la surmédication.
Les personnes âgées sont plus particulièrement exposées au risque de iatrogénie médicamenteuse.
Une hospitalisation sur 5 chez les seniors de plus de 80 ans est à mettre sur le compte du mauvais usage du médicament. Dans 45 à 70% des cas, ces effets indésirables seraient évitables.
Les seniors sont par nature plus sensibles aux effets indésirables des médicaments du fait de leur âge. Au fil du temps, la masse musculaire diminue en même temps qu’augmente la masse graisseuse. Conséquence : l’organisme tend à moins bien évacuer certains médicaments consommés.
Fait aggravant, le foie et le rein ne traitent plus les médicaments aussi efficacement. Au fur et à mesure des prises, les produits contenus dans le médicament tendent donc à s’accumuler. Le corps contient également moins d’eau chez les seniors, ce qui participe à augmenter la concentration du médicament dans le sang et éventuellement à maximiser ses effets indésirables. Des doses bien tolérées par des jeunes patients peuvent générer des effets indésirables chez des personnes plus âgées.
Les exemples de prescriptions problématiques ne manquent pas. En septembre 2017, France Assos Santé, un collectif qui regroupe 80 associations de patients et de consommateurs, publiait les résultats d’une vaste étude menée avec la revue 60 millions de consommateurs et la société Santéclair sur près de 155 000 personnes dites « polymédiquées » (prise de 7 médicaments au moins de manière chronique) âgées de 65 ans et plus.
L’étude s’est appuyée sur les données de consommation de plus de 2 600 pharmacies du 1er septembre au 30 novembre 2016.
Parmi cet échantillon de seniors gavés de médicaments, la consommation atteint en moyenne 14 médicaments différents. Mais surtout 4 ordonnances sur 10 sont potentiellement dangereuses pour le patient.
Surmédication des personnes âgées : alimentation et sport pour réduire sa consommation de médicaments.
La surmédication des personnes âgées se traite par l’alimentation saine et le sport. En effet, éviter certains nutriments a un rôle primordial pour restreindre les méfaits de certaines maladies et, par la même occasion, réduire la prise de médicaments chez les seniors ainsi que les effets secondaires liés.
Les premiers ennemis à éliminer de son assiette sont le :
- sel : ce condiment est à proscrire lors de la préparation des plats. Il convient aussi de limiter la consommation d’aliments et d’ingrédients qui en sont riches, comme la restauration rapide, la charcuterie, etc.
- sucre : il est lié directement au diabète de type 2, ce produit est présent dans presque tous les aliments. Une attention particulière est à accorder aux denrées qui en contiennent de façon cachée comme le pain et les viennoiseries.
- mets gras : ils sont nocifs pour la santé cardiovasculaire des aînés, les produits les plus riches en mauvais cholestérols sont ceux à base de graisses animales et d’huile de palme
-
alcool : L’abus représente un danger au sens large pour les plus de 60 ans surtout ceux qui prennent des médicaments quotidiennement, évitez-le pour garder un état de santé stable.
L’activité physique est conseillée. Mais il convient de bien choisir son programme de maintien en forme. Les activités recommandées pour les Séniors :
- la marche, notamment la marche nordique,
- l’aqua-biking (faire du vélo en piscine)
- le tai-chi ou le qi gong
Les prescripteurs invités à plus de parcimonie
Plus de 6 seniors sur 10 consomment des IPP (Inhibiteurs de la pompe à protons : omeprazole, lansoprazole…), en trop grande quantité. D’après la revue médicale indépendante Prescrire, les excès de prescription de ces médicaments indiqués dans les reflux gastriques ou les ulcères gastroduodénaux chez les personnes âgées oscillent de 25 à 86 % selon les études.
« La consommation inappropriée [de ces spécialités], peut provoquer une mauvaise absorption des nutriments, engendrer des risques accrus de diarrhées et d’atteintes pulmonaires infectieuses, des carences, des fractures, etc. »
Les médecins sont invités à ouvrir l’œil et le bon quand vient le temps de prescrire des médicaments à des patients âgés et polymédiqués. Il convient de « réviser l’ordonnance plutôt que de la renouveler à l’identique. Cette révision doit s’effectuer dans le cadre d’une consultation dédiée ». Rien n’interdit au patient, bien au contraire, d’initier lui-même cette démarche.
Cet article a été documenté grâce à France Assos Santé et notamment à partir des documents accessible par les liens suivants:
- https://www.france-assos-sante.org/2019/04/03/polymedication-des-seniors-nos-aines-en-premiere-ligne/
- https://www.france-assos-sante.org/2019/04/03/polymedication-des-seniors-les-anticholinergiques-dans-le-viseur/
- https://www.france-assos-sante.org/2019/04/03/polymedication-des-seniors-deprescription-une-initiative-venue-du-froid/
Et l’enquête menée en 2017 par France Assos Santé avec Santé clair « réviser les ordonnances à rallonge chez les seniors »
- Communiqué de presse https://www.france-assos-sante.org/communique_presse/reviser-les-ordonnances-a-rallonge-chez-les-seniors/
- Etude complète téléchargeable ici : https://www.france-assos-sante.org/publication_document/reviser-les-ordonnances-a-rallonge-chez-les-seniors-dossier-de-presse-france-assos-sante-santeclair-60-millions-de-consommateurs/